Demande de libération du dirigeant humanitaire Mustapha Djemali rejetée après plus de 500 jours de détention arbitraire
Après plus de 500 jours de détention arbitraire, le dirigeant humanitaire Mustapha Djemali reste emprisonné. Le 16 octobre 2025, un tribunal a de nouveau rejeté la demande de libération de ses avocats concernant sa détention préventive.
M. Djemali, humanitaire suisse-tunisien âgé de 81 ans, est le Directeur général du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), une organisation humanitaire non gouvernementale chargée d’appuyer la gestion de l’asile et de soutenir les autorités dans le développement de solutions durables pour les réfugiés en Tunisie. Le CTR est un partenaire de mise en œuvre clé du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Avant de fonder le CTR, M. Djemali a occupé pendant plus de 20 ans des postes de direction au sein du HCR.
Il a été arrêté le 3 mai 2024 dans les locaux du CTR, puis placé en détention le lendemain, aux côtés du Directeur exécutif du CTR, Abderrazek Krimi. Tous deux ont été placés en détention préventive le 7 mai 2024.
Selon la législation tunisienne, la détention préventive est autorisée afin d’empêcher de nouvelles infractions, d’assurer l’exécution d’une peine ou de préserver la sécurité des informations. Aucune de ces raisons ne s’applique au cas de M. Djemali. En juillet 2025, la limite légale de 14 mois de détention préventive a été dépassée. Malgré cette violation manifeste de la loi tunisienne, la demande de libération a été injustement rejetée le 16 octobre 2025. La prochaine audience est prévue pour le 24 novembre 2025.
La santé de M. Djemali s’est gravement détériorée durant sa détention. Il souffre de la maladie de Horton et nécessite un traitement médical continu. Sa famille rapporte qu’il a perdu plus de 40 kilos depuis son arrestation et qu’il est détenu dans des conditions de surpopulation carcérale, suscitant de sérieuses inquiétudes quant à son bien-être.
La détention arbitraire de M. Djemali, de M. Krimi et d’autres travailleurs humanitaires illustre un schéma plus large de criminalisation de l’action humanitaire en Tunisie.
À la lumière de la récente signature par la Tunisie de la Déclaration sur la protection du personnel humanitaire (septembre 2025), le gouvernement tunisien doit honorer ses engagements internationaux en mettant fin à la criminalisation du travail humanitaire et en respectant pleinement les droits et la protection des travailleurs humanitaires.
Protect Humanitarians exprime sa pleine solidarité avec M.
Mustapha Djemali et sa famille. Nous poursuivons nos efforts auprès des gouvernements et des institutions afin de plaider pour sa libération immédiate, en soulignant son innocence, son âge avancé et son état de santé préoccupant.
Protect Humanitarians appelle :
- Les autorités tunisiennes à libérer immédiatement et sans condition M. Djemali et M. Krimi, à garantir l’accès aux soins médicaux et à une assistance juridique, à assurer des conditions de détention conformes au droit international des droits humains, et à cesser les poursuites à l’encontre des travailleurs humanitaires.
- La Suisse à redoubler d’efforts pour plaider en faveur de la libération de M. Djemali.
- Le HCR à renforcer ses actions de plaidoyer pour obtenir la libération de M. Djemali et de M. Krimi.
- L’Union européenne à agir de toute urgence et à faire pression sur la Tunisie afin qu’elle mette fin à la détention arbitraire de M. Djemali et de M. Krimi – une violation flagrante des droits humains et une infraction manifeste à l’Accord d’association UE–Tunisie, qui repose sur le respect des droits humains.
Toute inaction affaiblirait la crédibilité de l’UE et son engagement déclaré en faveur des droits humains et de la protection du personnel humanitaire.